Une crise sanitaire mondiale d’une violence inédite, et quelques mois après la remise de ce rapport du Groupe Climat des Conseillers du Commerce extérieur de la France (CCE) aux pouvoirs publics en décembre, il semble bien que l’heure soit venue de l’hydrogène en Europe comme pilier des ambitions du Pacte Vert et de stimulation de l’industrie au sortir de la pandémie. Les plans présentés hier par le commissaire F. Timmermans et le lancement concomitant de l’initiative « Clean Hydrogen Alliance » attestent du volontarisme de la commission : produire 1 Million de tonnes d’hydrogène renouvelable dans la communauté en 2024 et multiplier par 10 en 2030. L’opportunité d’accompagner la filière au sein d’un projet important d’intérêt commun européen (IPCEI) est par ailleurs à l’étude à la commission. Le défi est maintenant de réaliser ensemble en Europe, les équipements et les installations d’ampleur qui permettront de rapidement changer d’échelle et d’ancrer dans les territoires et au sein des entreprises, la perspective du développement soutenu d’une filière industrielle souveraine de l’hydrogène en Europe, capable de collectivement se porter et se maintenir au tout premier rang mondial.
La crise sanitaire a fait naître de nombreuses réflexions sur le « monde d’après » et incite à réajuster certaines variables de nos modèles mondialisés, notamment les chaînes de valeurs et les modes de production. Deux maîtres mots surgissent de la crise : souveraineté (technologique et territoriale) et développement (industriel et écologique). La filière hydrogène est dorénavant comprise comme une opportunité stratégique incontournable pour réussir la transition vers des sources d’énergies décarbonées, valoriser les territoires, et developper une industrie plus résiliente.
Produit de manière propre et substitué aux combustibles fossiles, l’hydrogène est un levier massif de décarbonation des transports, de la production de chaleur et des processus industriels intensifs en énergie. Utilisé comme matière première, il contribuera à décarboner les secteurs industriels de la sidérurgie, de la chimie, et d’autres encore. Stocké et transporté, il facilitera le pilotage des énergies renouvelables effaçables et locales dans les réseaux. L’hydrogène est ainsi le chaînon qui manquait à la décarbonation transverse et profonde des systèmes énergétiques, pour accélérateur la transition et accroitre l’autonomie des territoires.
L’Europe n’est pas la seule à concevoir l’hydrogène de la sorte. La compétition mondiale s’intensifie dans la filière industrielle, et c’est le rôle du réseau des 4000 CCE présents sur le terrain à travers le monde, d’observer et d’alerter quand il le faut, comme ce fut le cas à l’occasion de ce rapport réalisé en étroite concertation avec l’AFHYPAC et de grands opérateurs. C’est en particulier le rôle du Groupe Climat des CCE d’anticiper l’impact du fait climatique sur les échanges mondiaux. Commerce et Climat, sont parfois perçus comme inconciliables, c’est le contraire. Le couple Climat-Commerce est certes turbulent mais il est inséparable : pas d’échanges fructueux si la maison brûle, pas de prospérité durable dans l’isolationnisme. Il n’y a pas d’efficience climatique durable qui ne soit partagée parce qu’il n’y a pas de pollution carbone qui ne soit partagée.
C’est sur le terrain européen que cette efficience peut être en premier lieu partagée au bénéfice de la planète. C’est certainement en effet dans les territoires de ce vaste marché intérieur européen aux grandes ambitions climatiques, que se joue l’excellence et la souveraineté de la filière industrielle européenne de l’hydrogène au plan mondial.
D’ores et déjà l’Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal, ont notamment dévoilé leurs plans autour de projets d’ampleur près de nœuds logistiques et corridors d’usages (Hubs) où l’hydrogène est parfois déjà produit (Rotterdam, Sines, ..). Les équipementiers s’intègrent. L’Appel à Manifestation d’Intérêt lancé en début d’année en France a été particulièrement fructueux en préparation du plan national à venir.
Ces avancées confortent au sortir de la pandémie, la recommandation n° 2 des CCE d’accélérer le déploiement en partenariat public-privé d’une « route et ceinture de sites européens prioritaires listés » de l’hydrogène où pourrait s’appliquer un cadre contractuel standard et commun permettant aux entreprises candidates européennes de sécuriser le Level Playing Field nécessaire à l’introduction de leurs innovations en matière de conception, réalisation et financement de projets en partenariat avec les territoires. Ce dispositif, aux côtés de le récente initiative d’alliance européenne de l’hydrogène, pourrait s’inspirer du cadre juridique des marchés publics globaux de performance qui permettent d’introduire des objectifs chiffrés de performance du projet dans le temps, comme par exemple la performance carbone ou les taux de charge ou d’usage de la production.
Toute chose qui permettrait d’accroitre la part du financement privé alloué aux projets prioritaires de la filière de l’hydrogène et favoriser par l’expérience commune et pluri-nationale des projets, une excellence accrue de la filière européenne de l’hydrogène au plan mondial.
Gemeinsam für Hydrogen scharf machen !
Thierry Poupeau, Président du Groupe Climat des CCE
« Le commerce mondial ne peut pas se réformer en passant à côté du plus grand défi planétaire du XXIe siècle, qui est le défi du changement climatique » Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie & des Finances
A propos des Conseillers du Commerce extérieur de la France
Présents dans toutes les Régions en France et dans plus de 140 pays, c’est un réseau de 4000 chefs d’entreprise et experts de l’international, choisis pour leur compétence, au sein de l’équipe de France de l’export. Les conseillers du Commerce extérieur (CCE) mettent bénévolement leur expérience au service du développement de la France. Ils exercent au quotidien des actions concrètes en partenariat avec les acteurs publics et privés ayant un rôle dans la promotion et l’appui à l’internationalisation des entreprises françaises. Nommés par le Premier Ministre sur proposition du secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, les CCE sont investis par les pouvoirs publics de quatre missions : le conseil aux pouvoirs publics, l’appui aux entreprises, la formation des jeunes à l’international et la promotion de l’attractivité de la France. En savoir plus : http://www.cnccef.org/