Co-organisée par la Commission Européenne et les industriels européens du secteur, la première édition de la Semaine Européenne de l'hydrogène a eu lieu du 23 au 27 novembre. Il y a eu des annonces fortes dans le domaine de la mobilité lourde.
Ainsi, Hydrogen Europe a révélé le 23 novembre la mise en place d'une coalition de 62 partenaires pour accélérer l’utilisation de l’hydrogène dans la mobilité lourde. Elle regroupe des constructeurs (Daimler, CNH/Iveco, Hyundai…), des fournisseurs (Ballard, Symbio, Faurecia…), des spécialistes de l’infrastructure (Air Liquide, Engie, McPhy, Nel...), des flottes (Asko, DB Schenker..) et des associations. La coalition a pour objectif de déployer 100 000 camions H2 et 1 500 stations en 2030, avec une étape intermédiaire de 5 à 10 000 camions et 100 stations en 2025. Ce programme ambitieux et coordonné s’inscrit pleinement dans le green Deal appelé de ses vœux par l’Union Européenne. Il est rappelé par la coalition que le secteur du transport et de la logistique, qui achemine 75 % des marchandises, doit réduire de 90 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le groupe suggère par ailleurs de mettre en place un péage routier basé sur le CO2, afin de donner un avantage aux transporteurs qui utilisent des camions électriques à hydrogène. On remarque dans la liste des signataires des noms d’industriels en provenance de l’automobile comme Honda et Toyota (en tant que constructeur et fournisseur de piles). Il y a aussi des nouveaux venus comme Hyzon et même le fabricant d’autocars néerlandais VDL (qui est par ailleurs un sous-traitant automobile). Les français sont bien représentés parmi les signataires avec GreenGT, Hynamics, Michelin, Plastic Omnium, ou encore Total (en plus de ceux précédemment cités). On relève par ailleurs la présence au sein de la coalition du port de Rotterdam, impliqué dans un programme ambitieux de déploiement de camions avec Air Liquide.
A noter que Daimler a annoncé depuis un partenariat avec Linde pour assurer le ravitaillement en hydrogène liquide de son futur camion H2. Un site doit être mis en place en 2023. Les deux partenaires s’appuient sur un nouveau procédé sLH2 (subcooled liquid hydrogen) quoi permet d’augmenter la densité énergétique et de rendre le plein plus rapide.
Toujours en lien avec la mobilité lourde, Cummins (également membre de la coalition) a pris la parole pendant la Semaine Européenne de l’hydrogène. Il a rappelé qu’il travaillait aux côtés d'ASKO, le premier grossiste alimentaire de Norvège, en tant que fournisseur de piles à combustible pour quatre camions de marque Scania. Cummins équipe également avec sa technologie la société FAUN, un chef de file des véhicules de ramassage des déchets en Europe, pour son programme de camions à ordures électriques. Chaque véhicule dispose d’une autonomie allant jusqu'à 560 kilomètres, ce qui permet d'effectuer plusieurs rotations avec 10 tonnes de déchets en charge. Par ailleurs, Les piles de Cummins sont intégrées à bord des trains d’Alstom, les premiers au monde à assurer le transport de voyageurs avec de l’hydrogène hydrogène. Après une première année de mise en service, une évaluation intermédiaire et plus de 180 000 kilomètres parcourus, Cummins passe à présent à une production en série. C’est la raison pour laquelle il a décidé d’ouvrir une usine à Herten, en Allemagne, à partir de 2021. Elle aura une capacité de production de 10 MW par an. L’industriel américain emploie 6700 personnes en Europe.
L’autre actualité forte concerne le bilan du projet HyBalance au Danemark. Coordonné par Air Liquide, ce projet consiste à produire de l’hydrogène décarboné par électrolyse. Il a permis de fabriquer 120 tonnes d’hydrogène en deux ans. Le projet a permis de valider l’efficacité d’un électrolyseur de type PEM (fourni par Cummins à travers son activité Hydrogenics Europe). Il est à noter que ce site danois permet d’alimenter chaque jour une flotte de plus de 100 véhicules à hydrogène. Il est d’ailleurs utilisé par des taxis à pile à combustible à Copenhague. Le projet HyBalance a nécessité un budget de 15 millions d’euros, dont 8 apportés par le FCH-JU et 2,6 à travers le programme EUDP (Energy Technology Development and Demonstration Program) de l’agence de l’énergie du Danemark.